« Après un PVT en Australie et le choc des incendies qui ravagent le pays, j’ai décidé de changer ma manière de voyager. Ma prochaine aventure sera à vélo et en Europe, à la rencontre des acteurs du tourisme durable : le projet Eurovélo est né. »

Clément Thonneau, créateur d’Xplore Autrement

L’Europe, si loin, si proche… Pourquoi partir à l’autre bout du monde lorsque de si beaux itinéraires parsèment notre beau continent ? 

Créateur de voyages engagé et explorateur à vélo “sans freins ni lois”, Clément Thonneau, plus connu sous le nom d’Xplore Autrement sur les réseaux, est parti sur la (vélo) route de l’Europe, à la rencontre de professionnels du tourisme engagés. 

Un moyen original d’allier tourisme durable et aventure sportive.

Voyage à vélo à Nice, Côte d'Azur

(Sur les routes de l’Europe ©Clément Thonneau)

Une aventure humaine, sportive, écologique

« Eurovélo c’est près de 20 000 km, répartis en 10 étapes sur 3 ans. »

C’est en septembre 2021 à la Rochelle, que Clément, 24 ans, pousse le premier coup de pédale qui devait l’emmener aux confins de l’Europe : la Russie, la Géorgie. 

Mais, la crise covid et la guerre en Ukraine l’obligent à repenser son itinéraire : il roulera donc jusqu’à Istanbul, symbolique pont entre l’Europe et l’Asie. 

Sud de la France, Italie, Slovénie… Le voyage ne fait que commencer mais il est déjà riche en rencontres et enseignements sur le tourisme durable.

« Je vais partir à l’assaut de notre vieux continent, en portant une attention particulière à certaines zones qui souffrent encore aujourd’hui de clichés qui ternissent leurs images et ralentissent leur développement touristique.

Voyage à vélo dans le Sud de la France

©Clément Thonneau)

Après une première étape en Gironde, Clément rejoint Toulouse et emprunte le fameux Canal du Midi qui l’emmène à Sète. 

Il prend ensuite la route de l’Italie en passant par la Camargue Marseille, Toulon puis la Côte d’Azur. 

Plus de 1500 kilomètres au cours desquels Clément a pu observer différents rapports au cyclotourisme. 

Laissez-vous embarquer dans cette aventure hors du commun…

Découvrir l’Italie à vélo

Voyager en Italie à vélo se révèle fort compliqué… Les trains ne sont pas adaptés pour et concernant les routes et les villes, elles s’avèrent plutôt dangereuses pour les cyclistes ! 

Clément a traversé plusieurs grandes villes italiennes, Gênes, Florence, Venise … son constat :  elles sont mal aménagées en pistes cyclables et donc fortement dangereuses pour les cyclistes.

A savoir : les vélos sont interdits à Venise ! Il faudra le garer dans des parkings aménagés à l’entrée de la ville.

Côte Adriatique en Italie

(La côte méditerranéenne Italienne à vélo ©Clément Thonneau)

En revanche, le Nord du Pays et la côte Adriatique sont particulièrement bien équipés en pistes cyclables. 

Entre le Nord du pays et la Slovénie, il y a une fantastique piste cyclable qui traverse les Alpes Juliennes. Malgré les montagnes, elle est faite de manière à ce que le dénivelé ne soit pas trop important, entre 2% et 5% maximum. La piste est complètement à l’écart des voitures, entre les montagnes et la rivière. Certains passages nous font même traverser d’anciens tunnels de voie ferrée. En bref, le paradis des cyclistes et des amoureux de la nature ! 

Découvrir la Slovénie à vélo

« La Slovénie fait partie de ces destinations hors des sentiers battus qui se révèlent petit à petit depuis la crise covid. Et pour le voyageur à vélo, c’est parfait ! »

Ce petit pays européen est particulièrement bien aménagé pour les voyages à vélo, une pratique déjà bien ancrée dans le quotidien des slovènes. Des pistes cyclables irriguent le territoire en passant par les grands axes du pays. 

Vous pourrez par exemple découvrir la Bike Slovenia Green, « le premier circuit à vélo au monde qui relie exclusivement les destinations avec le label de durabilité. » 

Lac de Bled, Slovénie

(Le lac de Bled en Slovénie ©Clément Thonneau)

Et la France dans tout ça ?

Clément a pu rouler sur les 750 kilomètres du Canal des Deux Mers, mythique itinéraire cyclable qui relie l’Atlantique à la Méditerranée le long de l’Estuaire de la Gironde, du Canal de la Garonne et du Canal du Midi, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Une fois arrivé à Sète où se termine le Canal du Midi et après un petit accident, Clément prend le chemin de la Camargue, un territoire très bien adapté et aménagé pour la pratique du vélo,  notamment via La Voie Verte et La Via Rhôna. 

Nous vous invitons également à lire notre article sur le vélo en Occitanie !

A vélo en Camargue

(La Camargue à vélo ©Clément Thonneau)

C’est après que les choses se gâtent !

« Entre Fos-Sur-Mer et Toulon, il n’y avait pas de pistes cyclables ! A Marseille j’ai dû rouler sur l’autoroute ! »

Voyage à vélo à Marseille
(Notre Dame de la Garde à Marseille ©Clément Thonneau)

Une fois ce passage passé, la Côté d’Azur se révèle très agréable pour le voyageur à vélo.

Vous pouvez par exemple emprunter l’Eurovélo 8 (la véloroute de la Méditerranée), la Voie Verte Toulon – Hyères ou encore celle du Golfe de Saint-Tropez. 

Voyage à vélo sur la Côte d'Azur
La Côte d’Azur à vélo ©Clément Thonneau)

Organiser son voyage à vélo

La préparation de l’itinéraire

Une telle odyssée ne s’improvise pas. Enfin pas vraiment. 

Pour Clément, l’enjeu était d’abord de planifier un itinéraire lui permettant de rencontrer les professionnels du tourisme durables et ses partenaires… comme le jour où il est venu nous rendre visite à Toulouse ! Tout en se laissant une marge de manœuvre suffisante pour gérer les aléas de l’aventure. 

Pour la création de l’itinéraire, il nous conseille l’application suivante : 

  • Le GPS Komoot :  idéal pour planifier son itinéraire vélo et randonnée jour par jour, étape par étape, en fonction de la difficulté des routes et du dénivelé. 

« Connaître son itinéraire c’est primordial car c’est aussi connaître la durée du voyage et donc pouvoir estimer un budget et prévoir où dormir. »

Le choix du vélo

Clément a fait un choix plutôt audacieux… Après avoir travaillé dans un magasin de vélo pendant 6 mois afin de connaître tous les rouages de la petite reine, son choix s’est arrêté sur un vélo vintage des années 80 qu’il a entièrement retapé. Un choix évident pour notre aventurier qui souhaitait avec un vélo issu du recyclage, réduire au maximum son impact sur l’environnement. 

Le vélo de Clément en Europe
Le vélo vintage de Clément ©Clément Thonneau)

« Rouler avec un vélo vintage et 40 kg de bagages, je dois avouer que c’est très compliqué, notamment sur les routes de montagne car le vélo n’est pas adapté.

C’est une difficulté supplémentaire. »

Le vélo de Clément en Europe
Le vélo vintage de Clément ©Clément Thonneau)

Pour le commun des mortels qui souhaiterait se lancer dans un tel périple, voici quelques conseils que nous transmet Clément :

  • Pour le vélo : une randonneuse, que l’on appelle également un Gravel. C’est un type de vélo particulièrement confortable et adapté aux longues distances et au tout terrain. C’est le vélo préféré des cyclotouristes. 
  • Pour le matériel vélo : des pneus tout terrain, des portes bagages à l’avant et à l’arrière, capables de porter tout votre maison !

Toutefois avant votre départ, nous vous conseillons de demander l’avis d’un professionnel qui sera vous informer sur le matériel le plus adapté pour votre projet de voyage.  

Après, si vous avez le goût du risque, rien de vous empêche de choisir un vélo vintage comme Clément… à vos risques et périls mais nous vous aurons prévenus ! 

La préparation physique
Voyage à vélo sur la Vélodyssée

(La Vélodyssée ©Clément Thonneau)

« Préparé ou pas, il y aura toujours des problèmes que tu n’auras pas anticipé : une chaîne qui saute, un pneu qui crève, se retrouver coincé dans les bouchons… donc mon conseil ce serait : lance toi ! »

Le voyage à vélo est-il vraiment inaccessible aux moins sportifs d’entre nous ? Non ! Enfin pas vraiment… 

Pour Clément, voyager à vélo c’est d’abord un défi mental. Pour le reste, tout s’adapte. Si une aventure comme la sienne demande en effet une très bonne condition physique et un entraînement préalable, il existe des itinéraires vélos et des adaptations pour tous les niveaux ! 

Clément nous donne l’exemple de la Vélodyssée, cette célèbre véloroute qui part de la Bretagne jusqu’au Pays Basque, le long de l’Atlantique.  

En n’en faisant qu’une partie, sur une semaine de vacances par exemple, c’est totalement accessible.

En parlant de ça, nous vous invitons à écouter le podcast que nous avons enregistré avec France Vélo Tourisme pour en apprendre plus sur le vélotourisme en France et les différentes possibilités d’itinéraires pour tous les goûts et tous les niveaux. 

Pour Clément, le principal, c’est d’y aller crescendo. Commencer par exemple avec 20/30 km par jour pour laisser à notre corps le temps d’apprendre et de s’adapter.

«Tant qu’on prend du plaisir c’est l’important, peu importe notre condition physique. 80% du temps ce sont de super moments, et ça, ça dépasse tout le reste. »

L’hébergement

Clément n’a qu’un mot à la bouche… Warmshowers ! 

Késako ? Une application qui permet de rencontrer des cyclotouristes qui peuvent vous héberger par la suite. 

« Sur 40 nuits d’itinérance, j’ai utilisé cette application 21 fois ! Le reste du temps c’était 50% de camping sauvage et le reste… du camping,  des partenaires ou des hôtels trouvés sur la route ! »

L’autre coup de cœur hébergement de Clément ? La Villa des Hespérides à Grimaud. 

Cet éco-gîte en plein cœur du golfe de Saint-Tropez est le paradis du voyageur à vélo et du touriste responsable.

La villa des Hespérides à St Tropez

(La Villa des Hespérides à Port Grimaud ©Clément Thonneau)

La Villa des Hespérides, ce sont 6 logements, une piscine naturelle (fonctionne avec système de filtration par les plantes) et toute une politique de consommation bio et locale… et de déplacement à vélo ! A son arrivée, chaque touriste se voit remettre un vélo pour se déplacer dans le Golfe de Saint-Tropez. 

« Le lieu est en rupture totale avec l’image de Saint-Tropez. Le décalage est assez fou. C’est génial de voir que le tourisme durable se développe même là où on ne s’y attend pas, grâce à des personnalités engagées comme Corine et Jean-Claude. »

Le projet de Clément : une invitation au voyage et à l’action individuelle

« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit :

« Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » .

Le colibri lui répondit alors : « Je le sais, mais je fais ma part. »

La légende raconte que chaque animal se sentant alors concerné, « fit sa part », chacun à sa manière et que la forêt fut sauvée. »

Le voyage à vélo n’est pas un long fleuve tranquille. Parcours surestimé, modifié au fil des des externalités… Une Odyssée compliquée mais engagée ! 

Alors, pour conclure cet article, nous avons souhaité savoir ce qui permettait à Clément de garder la motivation malgré les difficultés.

En voici un résumé en 3 points.
  • Voyager à vélo, c’est faire des rencontres inattendues. Le vélo ouvre au contact, attise la curiosité, et devient une incroyable porte d’entrée pour de belles rencontres !
Rencontre vélo avec un warmshower

(Clément et Patrick, un warmshower ©Clément Thonneau)

  • Voyager à vélo, c’est découvrir des régions peu accessibles avec un mode de transport plus classique.

«J’ai fait la campagne de Venise à vélo, là où personne ne va. Une partie est très jolie et l’autre, c’est 100 km de désert industriel. Ça permet de voir le backstage des cartes postales que l’on ne voit pas habituellement. »

  • Voyager à vélo, c’est aussi prendre le temps, celui de voir le paysage et les cultures défiler. C’est ré enchanter l’expérience de voyage. 

« Voyage à vélo c’est ré apprendre la contemplation et par la contemplation vient le respect. Voir la nature tous les jours, vivre au rythme des chants des oiseaux, ça force au respect. »