Avec des entreprises éco-touristiques trop petites pour être visibles face à plus de 300 concurrents, et un positionnement durable encore à ses débuts du côté du Comité Martiniquais du Tourisme, le tourisme de masse est souvent la solution la plus accessible lorsque l’on veut découvrir la Martinique côté mer. 

C’est pour protéger son île natale, que Délice Nouel, capitaine engagée, fondatrice des éco balades à la voile Dénébola, porte toutes voiles dehors le projet de Voile Nature. 

L’objectif ? Structurer la micro-filière des éco-balades à la voile en regroupant sur un même site web des petites entreprises désireuses de faire naviguer les visiteurs dans une ambiance calme et en petit comité. Mais aussi, donner plus de visibilité à ces excursions encore trop confidentielles dans l’offre de sortie en mer.

La création d’un parc naturel marin en 2017 le confirme : la Martinique est un haut lieu d’une fragile biodiversité marine que nous devons préserver. 

Délice nous explique qu’il y a encore quelques années, la Martinique ne se positionnait pas sur l’écotourisme comme le faisait déjà le Costa Rica par exemple. 

L’arrivée du parc naturel a accéléré la machine. La Martinique vise désormais un changement d’image en jouant sur ses nombreux atouts naturels : le littoral, la forêt tropicale, les rivières, les cascades, une biodiversité exceptionnelle… 

C’est le début d’appels à projets en faveur d’initiatives écotouristiques.

Dans ce cadre et grâce au soutien financier de l’Office Français de la Biodiversité et du Comité Martiniquais du Tourisme, Voile Nature a pu voir le jour.

Dans un précédent article, nous approfondissons les défis du tourisme en Martinique, en s’appuyant principalement sur le cas de la mangrove.

Le parc naturel marin d’une superficie de 48 900 km2 intègre les différents habitats marins de l’île qui sont dépendants les uns des autres pour l’équilibre et leur survie. La fragilisation de l’un entraîne la fragilisation de l’autre…  

Sans rentrer dans les détails, nous vous faisons une courte explication de ces milieux aquatiques. Vous pouvez également vous renseigner directement sur le blog de Voile Nature et sur le site du parc naturel marin. 

Vous l’avez compris, un tourisme mal géré peut fragiliser, voire détruire, ces écosystèmes. 

Sortir les espèces de l’eau, toucher les coraux, piétiner les herbiers, polluer la mangrove, jeter ses déchets, utiliser une crème solaire nocive… Multipliés par milliers, ces gestes ont un impact nocif sur l’environnement.

Seulement, comment arrêter ces mauvaises pratiques sans connaître leurs impacts ? Comment connaître les gestes à adopter ? Ce n’est pas innée, cela s’apprend et c’est tout l’enjeu des professionnels de Voile Nature. 

Et si une balade en mer était aussi l’occasion d’apprendre l’équilibre de la biodiversité marine ! C’est quand on connaît que l’on est le plus à même d’avoir envie de protéger ! 

A moins d’être déjà un expert en SVT, cet apprentissage est possible lorsque les capitaines sont aussi des guides natures. Ils transmettent alors leur expertise et leur passion au fil de la navigation.

“Ce n’est que la phase 1 du projet. À moyen terme, l’objectif sera la mutualisation des coûts, des actions et de la commercialisation”, nous explique Délice.

La fondatrice va même plus loin. Elle espère à long terme pouvoir inclure d’avantages d’activités nautiques et s’ouvrir à d’autres départements d’Outre Mer.

Elle évoque aussi l’idée de s’affilier à un réseau d’éco navigation pour (s’)informer des dernières avancées sur le sujet. Un réseau permettrait aussi d’accélérer la recherche pour apporter des solutions à des problèmes encore non résolus.

C’est le cas par exemple de la peinture nocive utilisée pour empêcher les coquillages et les algues de s’accrocher aux coques. Trop peu d’alternatives existent à ce jour.

La navigation durable en Martinique est encore à son commencement. 

Un projet comme Voile Nature, soutenu par des institutions publiques, montre que l’industrie touristique évolue petit à petit vers un modèle plus durable, en plaçant la sensibilisation et l’apprentissage au cœur des actions.

Un bel exemple de mutualisation que l’on ne peut qu’encourager et soutenir en tant que professionnels et voyageurs.