Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le Mexique célèbre la Fête des Morts ? Peut-être même l’avez-vous déjà confondue avec Halloween ? Découvrons el Día de Muertos ensemble ! N’oublions pas que la connaissance et le respect des cultures fait partie intégrante du tourisme durable.

Día de Muertos, une tradition millénaire

Célébré du 1er au 2 novembre, el Día de Muertos est l’une des fêtes les plus importantes du Mexique. Syncrétisme de rites catholiques et préhispaniques, cette célébration intrigue : autels colorés, dégustations de pan de muerto, défilés de catrinas, papel picado dans les rues, etc.

Mais d’où vient cette fête mexicaine ? Remontons rapidement dans le temps !

Día de Muertos et les civilisations précolombienne

Les premières traces de célébrations se trouvent en Mésoamérique, la région d’Amérique centrale où vécurent les peuples précolombiens (Mayas, Aztèque, Zapotèques, Mixtèques, etc.) jusqu’à l’arrivée des Espagnols au XVe siècle. Ces peuples honorent la déesse de la Mort : Mictecacíhuatl. Les rituels sont accompagnés d’offrandes et ont lieu plusieurs fois par an. Croyants à la vie après la mort, le décès ne représente qu’une étape entre la vie terrestre et “l’inframonde”. Pour accompagner leur voyage vers l’au-delà, les défunts sont enterrés avec un Xoloitzcuintli, un chien endémique du Mexique.

Mictecacíhuatl représentée dans le Codex Borgia
Mesoamerica and its cultural areas map. 
©Peter Hermes Furian Adobe Stocke
Mésoamérique et son aire culturelle
©Peter Hermes Furian Adobe Stock
Xoloitzcuintli, dog endemic to Mexico. ©Canva
Xoloitzcuintli, chien endémique du Mexique ©Canva

Día de Muertos et la colonisation espagnole

L’arrivée des Espagnols marque le début de l’évangélisation des Mexicains. Les célébrations des morts évoluent avec la diffusion du catholicisme. La date change pour s’aligner avec la Toussaint et des objets chrétiens apparaissent dans les rites (bougies, croix…). Cette fusion fait évoluer les rites jusqu’au Día de Muertos que nous connaissons aujourd’hui et que l’on décrit donc de syncrétique, entre la cosmovision (conception de l’univers, de la vie et de la mort) des peuples préhispaniques et le catholicisme.

frida dia de muertos
Autel en hommage à Frida Khalo à Mexico. On observe le mélange d’objets chrétiens (ex : bougies) et préhispaniques (ex : fleurs de cempasúchil, plat de mole) ©EliseCABANE

El Día de Muertos aujourd’hui

ofrenda dia de muertos
Autel pour le défilé de la fête des morts sur la place du Zócalo, Mexico,  ©EliseCABANE

La Fête des Morts se diffuse dans le monde

En 2017, Pixar sort le film d’animation Coco qui se passe pendant la Fête des Morts. Miguel, un enfant de 12 ans est transporté accidentellement dans le monde des morts alors qu’il cherchait à retrouver son arrière grand-père musicien décédé. Le film connaît un succès international et se place à la 4ème place du box office. Coco contribue largement à diffuser la tradition mexicaine de la Fête des Morts à travers le monde.

Depuis 2003, le Jour des morts est inscrit au Patrimoine Mondial Immatériel de l’UNESCO pour son apport à la culture mexicaine. Le 1er novembre célèbre les enfants défunts et le 2 novembre les adultes défunts. Les familles mexicaines continuent d’ériger des autels en hommage à leurs proches disparus et la nuit de la Toussaint, la vie renaît dans les cimetières mexicains. Les familles vont retrouver ceux qui ne sont plus là, fleurissent les tombes, allument des cierges et prient.

Si vous avez vu le 24e opus de James Bond 007 (2015), vous devez vous souvenir de la scène d’ouverture qui se déroule à Mexico pendant le Jour des Morts. Depuis ce film, la ville organise chaque année un gigantesque défilé qui attire des millions de personnes. Día de Muertos passe de la sphère privée à la sphère publique.

Le pan de muerto se déguste durant tout le mois d’octobre et la Catrina est devenue l’un des déguisements les plus célèbres du monde… Si ces mots ne vous disent rien, nous vous proposons un petit lexique des principaux mots de vocabulaire de la Fête des Morts.

Découvrir el Día de Muertos avec son vocabulaire

La Catrina

La Catrina est un squelette féminin emblématique de la Fête des Morts. En 1910, l’artiste Mexicain José Guadalupe Posada dessine la “Calavera Garbancera”, un squelette féminin élégant. Cette caricature est une critique des Mexicains de l’époque qui voulaient ressembler à des Européens. Posada caricaturait dans les journaux l’opulence des classes supérieures et le gouvernement via des représentations de squelettes.

la catrina dia de muertos
La Calavera Garbancera de José Guadalupe Posada

En 1947, Diego Rivera peint la fresque monumentale “Sueño de una tarde dominical en la alameda central” où il inclut la Calavera de Posada qui tient par la bras à sa droite son créateur et par la main à sa gauche, Diego Rivera enfant (avec Frida Khalo, sa femme, derrière). La fresque devient célèbre internationalement et exporte avec elle le squelette féminin, désormais appelé “La Catrina”. Le personnage est aujourd’hui un emblème de la culture mexicaine et l’un des déguisements les plus célèbres au monde.

rivera
Sueño de una Tarde Dominical en la Alameda Central, Diego Rivera, 1947-1948

Les offrandes et les autels

La croyance veut que les défunts reviennent dans le monde terrestre pour rendre visite aux vivants. Pour les accueillir, les Mexicains mettent en place des autels avec diverses offrandes (la tradition date de l’époque préhispanique) : photos du défunt, pan de muerto, calaveras (têtes de mort), papel picado, objets personnels, fleurs de cempasúchil, sel, eau, encens, bougies…

autel
Autel dans les rues de Mexico ©EliseCABANE

El papel picado

Papel picado signifie “papier découpé”. Ces papiers de soie aux motifs variés (fleurs, oiseaux, crânes, etc.) sont érigés en bannière dans les rues et servent à décorer les autels dédiés aux défunts.

papel picado
Papel Picado dans les rues de Coyoacán, Mexico  ©EliseCABANE

El pan de muerto

El pan de muerto est une sorte de brioche saupoudrée de sucre qui est dégusté dès le mois d’octobre. C’est l’un des plats les plus emblématiques de la gastronomie mexicaine. Son origine daterait de l’époque préhispanique où se préparait un pain à base d’amarante et de maïs, présenté aux dieux en guise d’offrande. Sa forme et sa recette ont évolué au fil des époques. Aujourd’hui, la forme circulaire représente le cycle de la vie, le petit rond, le crâne du défunt et les 4 bobines qui partent du centre, ses os.

pan de muerto
Pan de muerto sur lit de fleurs de cempasúchil  ©Canva

Au Mexique, rien ne semble plus vivant que le mort. Día de Muertos, nous rappelle notre finitude et nous aide à voir la mort comme une partie de la vie que nous devrions célébrer. Malgré sa proximité avec Halloween ces deux fêtes sont bien différentes. Alors que l’Halloween contemporain est associée à la peur et à l’horreur, el Día de Muertos est un hommage chaleureux et festif aux êtres chers décédés.

Autel mexicain, Mexico, ©EliseCABANE

Bibliographie

Aurelia Antoni (17 mars 2022), “Qui était Posada, graveur mexicain des célèbres « calaveras » ?”, BeauxArts, https://www.beauxarts.com/expos/posada-le-graveur-mexicain-qui-a-revolutionne-limagerie-populaire/

Charles-Édouard de Suremain (2018), “Coco, l'”enfant du patrimoine” : sur la représentation de la fête des morts au Mexique à partir d’un “dessin animé patrimonial”, AnthropoChildren, 8 (8), 16 p.,10.25518/2034-8517.3135

Gobierno de México (01 novembre 2019), “Día de Muertos, tradición mexicana que trasciende en el tiempo”, https://www.gob.mx/inafed/articulos/dia-de-muertos-tradicion-mexicana-que-trasciende-en-el-tiempo

Guide Mexique (2018), Petit Futé, Paris, 672p., https://www.cultura.com/p-mexique-2018-petit-fute-3243812.html

Camilo Marín (14 octobre 2022), “La Catrina Garbancera tiene más de 100 años de historia”, Facultad de Arquitectura, Diseño y Urbanismo, https://www.serfadu.com/2022/10/14/la-catrina-garbancera-tiene-mas-de-100-anos-de-historia/

Rocio Muñoz-Ledo (31 octobre 2022), “¿Cuál es el origen e historia del Día de Muertos en México y por qué se celebra?”, CNN Español, https://cnnespanol.cnn.com/2022/10/31/origen-historia-dia-muertos-mexico-por-que-se-celebra-orix/