Art et Voyage d’après l’artiste Agnes Canuto

Le voyage, je parle essentiellement du voyage de loisir, est un support d’échange permanent avec l’art. Si l’art peut être le fil conducteur du voyage, au travers de visites de monuments, de musées ou de sites pittoresque (on va en Égypte voir les Pyramides avant toute rencontre avec les Égyptiens contemporains), à l’inverse, le voyage peut être source d’inspiration pour les créateurs.

L’origine de ces voyages culturels se trouve dans l’aristocratie européenne. Dès la fin du Moyen-Age, mais surtout aux XVII, XVIII et XIX èmes siècles. Les fils – beaucoup plus rarement les filles- de la noblesse la plus aisée partaient faire « le Grand Tour » (en français dans le texte) car la vie ne s’apprend pas que dans les livres et les bibliothèques. D’abord dans leur propre pays, leur destination a couvert l’ensemble de l’Europe, avec une prédilection pour les pays du sud, l’Italie en particulier puis la Grèce, et finalement, tout le pourtour du Bassin méditerranéen.

Préparation du Grand Tour Emil Brack 1860-1905
Ruins with Prophet
Giovanni Paolo Panini 1731
Tombe de Lord Sommers
Giovanni Battista Cimaroli 1687 – 1771

Le but de ce long voyage, qui pouvait durer plusieurs années en fonction du degré d’aisance de la famille du voyageur était en priorité de finaliser l’éducation de cette jeunesse. Il avait lieu généralement après une formation universitaire et venait la compléter. Mais pas que…  Ce voyage à caractère initiatique favorisait la création de réseau parmi l’élite européenne et permettait rencontres, aventures, émotions, découverte, plaisirs y compris sexuels, même si le jeune homme était généralement accompagné d’un tuteur, ou d’un mentor.

De ceux qui ont fait ce « Grand Tour » nombreux sont ceux qui en ont rapportés des œuvres pittoresques « digne d’être peintes », de même que des artefacts archéologiques, ou encore se sont fait représentés dans leur pérégrination, bref des souvenirs, à la fois objet de reconnaissance et de fierté, ce qui a donné lieu aux premières collections dans des « cabinets de curiosités » que l’on se complaisait à partager avec l’élite intellectuelle.

Ce « Grand Tour » de la jeunesse aristocratique, puis plus tard de la grande bourgeoisie, est donc à l’origine d’Erasmus, du tourisme, et de la muséographie.

La bibliothèque de Charles
Towneley Johan Zoffany 1783


Cabinet de curiosités Johan
 Georg Hinz 1666


Mais le voyage est aussi un terreau d’inspiration, pour les artistes, peintres ou poètes d’autant que les jeunes voyageurs avaient aussi le devoir de noter leurs impressions, donnant parfois lieu à des chef d’œuvres tels que les carnets de voyage d’Eugène Delacroix ou les récits de Stendhal, Flaubert, Goethe ou les poèmes de Lord Byron. 

Femmes à Alger
Eugène Delacroix 1798 – 1863
Carnet de Voyage
Étude d’Arabe assis
Goetthe dans la campagne Romaine Thiscbein 1796
Lord Byron en albanais
Thomas Phillips 1814

Montaigne Journal de voyage
en   Italie 1581

L’exotisme, le dépaysement, la confrontation aux autres, modifient et nourrissent la pensée et le regard des créateurs.

Aujourd’hui, le voyage est inspiration de nombre de créations culturelles, dans tous les secteurs de la création, cinéma, art plastique, musique, danse, romans, poésie…

Créé par la Compagnie La Machine le Grand Éléphant est la grande attraction festive du “Voyage à Nantes ». Haut de 12m, il peut embarquer 49 passagers qu’il transporte dans le parc des chantiers entre les Nefs et les Mondes Marins, une autre attraction des “Machines de l’île”.


Deux prêtres de la secte Shingon à Kyoto expliquant à Émile Guimet les qualités de leur dogme

Félix Régamey (1844-1907)


Enfin le voyage peut-être plus intérieur, dans l’imaginaire ou peut se limiter à une divagation de la pensée dans une œuvre abstraite, mais cela donnerait lieu à d’autres articles.

Grande Envolée, Guy Sahuc 2013


Carmen

Moi, c’est l’Espagne qui m’inspire : mon gout pour l’Espagne relève d’une fascination d’enfant ; du soleil, des taureaux et des femmes qui dansent … quoi de plus beau, quand on est petite fille, qu’une robe pleine de volants ?

Agnes Canuto