Flockeo : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre entreprise ?

Je suis Brigitte, présidente et co-fondatrice de l’association de tourisme équitable et solidaire, Au Cœur Des Peuples.
L’objectif de notre association est d’aider les populations rurales isolées dans les pays en développement, en organisant des voyages solidaires dans des zones qui ne bénéficient jamais, ou peu, des retombées économiques liées au tourisme. Les voyages que nous proposons, construits uniquement avec des partenaires locaux (guides, ONG, associations ou agences réceptives familiales), permettent aux populations qui accueillent des
voyageurs dans leurs villages et principalement dans leurs habitations, d’améliorer leurs conditions de vie. Au-delà de ça, nous aidons à financer des projets de développement communautaires. 6 % sont prélevés sur le prix de chacun de nos voyages, pour financer des projets portés par des associations locales.

Flockeo : Comment la crise sanitaire que nous vivons impacte votre quotidien ? Celui de vos équipes ? Comment faites-vous face à la situation actuelle ?

Nous sommes une petite équipe composée essentiellement de bénévoles. J’aime à dire que nous sommes des artisans du voyage. Je suis la seule à travailler à plein temps dans l’association et travaille depuis mon domicile. Autant dire, que le confinement n’est pas un problème pour moi
puisque j’ai l’habitude de passer beaucoup d’heures enfermée chez moi.

En ce qui concerne l’activité de l’association, elle est au point mort comme pour la plupart des entreprises du secteur touristique en France et dans le monde. La chance que nous avons, c’est que n’ayant pas de salariés et peu de charges, nous avons moins de pression. L’état d’esprit de notre association n’est pas de gagner beaucoup d’argent mais plutôt continuer à
exister pour œuvrer auprès des populations qui en ont besoin et aussi faire prendre conscience aux voyageurs, à travers l’expérience de leur séjour, des bienfaits d’un tel tourisme. Autant pour les populations locales qui bénéficient de rémunérations complémentaires que pour les voyageurs puisqu’en voyageant de cette façon-là, ils réapprennent certaines valeurs oubliées. Nous avons bien évidemment été dans l’obligation de reporter les quelques voyages réservés pour les vacances de printemps. Mais comme nous ne sommes pas dans du tourisme de masse, les dossiers sont donc plus légers à traiter. Aujourd’hui, je profite de ce temps mort pour mettre à jour les dossiers que je n’ai pas eu le temps de traiter jusqu’à présent par manque de temps. Cela me permet de rester positive face à cette crise et je préfère me dire que cette mise à niveau, permettra à l’association un redémarrage optimal.

Flockeo : Avez-vous été témoin d’actes de solidarité autour de vous ?

Vivant à la campagne, un peu plus coupée du monde avec le confinement, je n’ai pas eu l’occasion d’être témoin d’actes de solidarité. Je vois ce qui se passe sur les réseaux sociaux et suis heureuse de constater que beaucoup de personnes se mobilisent pour aider. J’ai moi-même essayer de me rendre utile en cherchant à m’inscrire dans une action de solidarité proche de mon domicile mais je n’ai rien trouvé.
De mon côté, je prends des nouvelles régulièrement de mes partenaires locaux pour savoir où en est la situation dans leur pays et leur donne quelques consignes pour qu’ils prennent soin d’eux et de leur famille et surtout pour qu’ils prennent la situation très au sérieux.
Dans les pays en voie de développement, le système de santé n’est pas du tout le même que chez nous, ce serait un désastre si le virus se propageait largement dans ces pays-là car il est bien souvent très difficile de se confiner là-bas.

Flockeo : Pensez-vous que la situation actuelle va changer à long terme les façons de faire ? Si oui, comment ?

Beaucoup de personnes prennent conscience durant cette crise que nos modes de vie/fonctionnement montrent leurs limites. Cette prise de conscience a cependant commencé avant l’épidémie. Les gens mangent de plus en plus bio, local et de saison, ils adhèrent de moins en moins à cette société de surconsommation. Pour le tourisme il en va de même. Nous avons beaucoup de personnes qui cherchent à voyager différemment, de façon plus douce, plus intelligente, plus respectueuse. Elles cherchent à se reconnecter à des valeurs simples et notamment montrer à leurs enfants « la vrai vie », comme ils disent, déconnecté de la télé, des jeux vidéo, de leur portable. En ce sens, et aidé par cette crise qui va peut-être permettre à chacun de se retrouver un peu avec eux-mêmes, les mentalités changeront
certainement. Du moins je le souhaite.

Flockeo : Avez-vous un message à faire passer à la communauté ?

Ralentissez le rythme, retrouvez-vous, regardez autour de vous, écoutez, ressentez, vivez l’instant
présent, soyez solidaires, généreux et bienveillant, les uns envers les autres.